John Whitaker et moi, deuxième partie

Publié le par Laetitia Bernard

 

A la fin de  l’épisode précédent, John Whitaker venait de partir chercher sa veste de concours avant de monter à cheval devant moi. Pendant ce temps, j’analysais le premier contact : il est sympathique, ça n’a pas l’air de le gonfler outre mesure, il est un peu stressé mais pas perturbé. C’est amusant de lui tenir la main, on dirait un pantin tout flexible désarticulé, rien à voir avec Michel Robert qui dégage beaucoup d’énergies et de forces sereine. Mais il est temps de détendre les chevaux. Nous marchons au pas, John pose les questions sur le travail à faire : il fait bien, car certaines sont un peu inquiétantes : « il faut que je te dises quand je saute ? Il faut que je te parle pendant les courbes ? Au moins mes réponses sont sans hésitations : oui oui grosso modo, vous dites ce que vous voulez mais vous parlez le plus possible. Nous partons au trop,au galop, puis un petit obstacle ; le tout en l’espace de deux minutes. Et là John me de mande : tu veux encore faire un exercice, ou on est prêt pour entrer en piste ? Au moins on ne peut pas dire qu’il panique. Moi par contre… on a sauté q’un obstacles, on n’a jamais travaillé ensemble, et lui il est prêt à partir sur le tour comme ça cash pistache ! après tout pourquoi pas. Le poney est calme, lui semble confiant, je négocie cependant un deuxième obstacle d’entraînement, puis nous rejoignons la Grande Piste. Le flot de lumière me surprend à cheque fois. En fait j’aime bien, tout s’éclaire, c’est maintenant  La sonnette retentis, on part au galop. Ou plutôt au trop en ce qui me concerne. John n’ose pas prendre de vitesse il assure la sécurité et la cohésion entre nos chevaux. Tout se passe bien, je suis parfois un peu dans le flou, car il oublie de me parler pendant les courbes. Il faut dire qu’il part d’un principe simple : comme il voit que le poney le suit, il considère que je le sais. Hors ce n’est pas tout à fait le cas, du moins au début. D’ailleurs on m’entend un brin paniquer sur la vidéo entre deux obstacles : « talk » ! Et puis finalement pas de panique, c’est incroyable de ressentir ce qui se passe. Le poney est à fond dans son travail, je e motive et le garde sous pression, John gère l’orientation de façon originale mais radicale. A l’abord des obstacles, c’est parfois un peu chaud le poney est trop près, mais John  a un instinct de survie invraisemblable. Il accélère, revient en fonction de la situation. Il ne théorise rien à l’avance et pourtant il est toujours dans le coup. On arrive sur le dernier obstacle, et voilà sans fautes c’es fait.

            Le contrat est rempli pour ce matin. Sans fautes, dans la bonne humeur, demain pour la finale, on pourra aller plus vite  ça va

êttre chouette !D’ailleurs, il faudra qu’on aille plus vite parce que c’est un peu la tehon, le type devant nous à quand même mis 20 secondes de moins au chrono…  

John l’électron libre doit filer, il a une épreuve dans peu de temps. Tout le monde autour de nous lui met la pression pour qu’on accélère le lendemain. Il prend note, passe son bras autour de mes épaules, et s’éclipse non sans avoir convenu d’un rendez-vous au bar après la grosse épreuve du soir. Innutile de garder le suspens, la bière Whitakerrienne ne sera pas pour ce soir. John fait un score assez lourd, et repart à l’hôtel rapidement. Quand à moi, je suis un peu fatiguée.

            Le lendemain après-midi, le parc des expositions de Bordeaux s’est rempli. Il est environ 16 h, notre épreuve débute dans 2 heures, les chevaux ne sont pas encore arrivés. La pression monte, dehors il fait très froid, on attend le camion, mais où sont ces fichus chevaux. En fait, il y a eu cafouillage au niveau des entrées de parking. D’après ce qu’on m’explique mais que je n’ai probablement compris qu’à moitié vu mon état de panique lattant, les vigiles leurs refusait l’accès au parking. Heureusement ils arrivent, et la super équipe d’élèves moniteurs avec eux. Ils nous aident à les préparer, l’une d’elle va également commencer la détente de mon poney. Soudain, un passant qui passe en courant nous crie : la reconnaissance a débuté ! Comment ça c’est déjà la reco ? Normalement ça aurait dû être dans 10 minutes. Le parking est loin de la piste, courir avec les bottes de concours, ça fait drôlement mal aux mollets !! Forcément John n’est pas encore là, il faut retrouver son numéro de portable au fond de ma poche. J’ai l’air bête, je suis sur la piste avec mon anorak quant il faudrait être en veste… « John, excusez moi la reco est avancée pourriez-vous me rejoindre maintenant ? » « ok a tout de suite. »  Aussi tôt dit aussi tôt fait mon guide me prend le bras nous marchons le parcours.   Il essaie de prendre les choses en main, on sent qu’il y a réfléchi : « bon il y a deux endroits où il faudra tourner court…, après le un il y a trois foulées droit … »  Il invente un nouveau jeu pour vérifier que je suis bien attentive : « et là on va sur lequel ? » Une chose me surprend : il semble totalement stressé, il angoisse à peu près autant que moi, et ce n’est pas peu dire. Alors on se soutient mutuellement : « Bon je vais essayer de faire de mon mieux tu sais » « moi aussi … » Il est tant de monter, mais le padoque est bondé John est gêné pour me faire franchir les obstacles,  j’essuie même un refus. Il y a du monde au galop partout, cela n’est pas pratique. Nous ne franchissons qu’un obstacle, c’est plus prudent. Arrêté dans un coin en attendant notre tour, nous bavardons tranquillement : « tu fais quoi comme études ? » « vous montez qui dans la prochaine épreuve… «  Décidément je stresse, il n’y a aucune raison technique valable. On est calé avec john, le poney est impeccable. Seulement j’ai quand mêeme peur. Heureusement que l’organisateur de l’épreuve connaît une technique magique pour enlever les meus sur l’estomac, il appuie dessus, ça fait mal, et pouf ça relâche. Bon arrêtons de rigoler, c’est à nous d’entrer en piste. Jusqu’à présent il y a peu de sans fautes. Le speaker indique le temps à battre, honnêtement je n’y fais pas attention, j’ai juste envie de faire mon tour correctement en prenant du plaisir. Toujours ce flot de lumière en entrant sur la piste, décidément cela me stimule ! Le speaker me présente il me fait quelques compliments, j’ai un peu de mal à tout comprendre car je suis concentrée, mais cela me fait plaisir. Dring, let’s go ! Cette fois-ci on garde le galop. Un galop lent mais serein ; je renonce à demander à John de parler et m’oblige à écouter les sabots de son cheval, et à comprendre ce que fait mon poney. Contact constant avec la bouche, présence dans les jambes, le poney a tout compris c’est impressionnant. Le dernier double arrive, tiens je sais qu’on arrive sur le dernier et je me souviens que c’est un double ; c’est agréable d’être consciente de son parcours, cela ne m’arrive pas à chaque fois. Par contre nous sommes un peu près, mais comme d’habitude, John  me met trois foulées dans la vue en un quart de seconde, et voilà, mon poney peut sauter tranquille sans problèmes de distance. Du coup, deuxième sans fautes ! Que demander de plus ? D’accord il y a un peu de temps dépassé, mais quand même on a progressé depuis hier. Cette fois, l’écart entre le nous et le cavalier qui nous précède au classement n’est plus que de 10 secondes. On s’est amélioré… Mission accomplie.

John est adorable, tout penaud, il s’excuse parce qu’on a pas gagné : « je suis désolée Laetitia, tu n’es pas trop déçue ? » « mais ça va pas ? J’ai réalisé un rêve en montant derrièe vous, ça c’est super bien passé, on a tourné au sans fautes, vous êtes tellement sympa d’avoir accepté de me guider… » « pas de problème c’est cool On se voit ce soir après l’épreuve ? «  « bien sûr ! »

Après l’effort le réconfort. L’épreuve coupe du monde est terminée. Perso, je l’ai regardé de la loge equidia, on a carburé au champagne, rien à redire quoi!  John a fait un sal score mais sil est au-dessus de ça. Nous sommes à la buvette du jumping avec quelques autres cavaliers handisport. Je lui envoie un message relativement simple : « lets have a drink ? » « where are you ? » répond il… Il nous rejoint, détendu et s’assied avec nous. « une bière s’il vous plaît ? »  « ah bein vous voyer que vous parlez français… » c’est drôle, quand John parle français, on dirait un ado ; Grâce à ses explications, j’apprends pas mal de détails sur la vie des cavaliers de compétition ; lui par exemple est obligé de rester à bordeaux dimanche soir, parce qu’il n’y a plus de vol pour Manchester, tandis que certains allemands ont des jets privés. Je lui raconte des blagues sur ma vie d’aveugle, comme la fois où ayant un peu trop bu je suis restée coincée 10 minutes dans l’ascenseur parce que je poussait  le mur au lieu de la porte.  Ça le fait bien rigoler. Quel dommage que Michael, son frère, soit déjà à l’hôtel, on se serait encore plus maré…  tanpis ça sera pour une prochaine fois, d’ailleurs c’est quand la prochaine fois ? En Février 2007 lors du prochain Bordeaux ? Ah non c’est beaucoup trop tard, vous inquiétez pas on va trouver une idée…  De toute façon, la prochaine compétition handisport est en juin, fêtes moi confiance certains personnages

 valent le détour on en parlera bientôt sur ce blog.

Publié dans équitation

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M
C'est vrai, pour une fois que je suis d'accord avec le petit martin. Surtout, quel suspense, nous sommes tenu en haleine jusqu'à la fin. Et puis imaginer laetitia stressée, c'est assez amusant. Je pense que c'était autant lié à l'enjeu qu'à la présence du beau john.<br /> En attendant, Laetitia, arrète d'essayer de me dissiper en cours. tout à l'heure, elle me demandait de lui faire des grimaces pour rigoler un peu. Marrante la miss
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J
Je suis sûr que tu te classes au premier rang de ces personnages qui valent de le détour. Non satisfaite d'être déjà une championne d'équitation, tu as en plus intégré une des plus grandes écoles de journalisme, et je sais de quoi je parle... La deuxième partie de l'article est au moins aussi passionnante que la première. Quel talent ! Eh, les mecs, je la connais cette nana !!!
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