Michael Whitaker : le sang des grands cavaliers

Publié le par Laetitia Bernard

Dans le microcosme des cavaliers internationaux de sauts d’obstacles, la famille Whitaker aligne quatre de ses membres dans le top 50 mondial. Michael est le petit frère de John, une légende. Le petit frère, à pourtant 45 ans passés, a déjà été plusieurs fois numéro un mondial, et n’est quasiment jamais sorti du top 20 mondial en plus de 20 ans. Bien que toujours associé à son frère, Michael est un exemple de talent, de persévérance, et sa personnalité détonne.

« C’est un prince », murmure admirative Muriel, une monitrice d’équitation, en regardant son idole effectuer un parcours de sauts. Michael Whitaker n’a pourtant pas exactement le style d’un prince charmant. Physiquement d’abord. Il est petit, à moitié chauve, portant un jean simple et un pull lorsqu’il n’arbore pas la traditionnelle tenue de concours (pantalon blanc, bottes, chemise et veste.) Cela dit, on peut lui accorder plus de classe que certains autres cavaliers, car il prend le temps de se changer après ses épreuves, avant de rejoindre son endroit favori : le bar. En général, son frère John l’y attend déjà un verre de vin rouge à la main. Mais Michael préfère la bière, il fut un temps où il l’appréciait même un peu trop d’ailleurs: « Fallait voir, il rentrait complètement allumé, démolissait la porte de la chambre d’hôtel… » raconte un cavalier de l’équipe de France. « Il a le vin mauvais, c’est connu, encore qu’il a pas mal diminué ces derniers temps », admet une journaliste d’Equidia (la chaîne du cheval).

Le cavalier métamorphosé par la paternité

Effectivement, il a dû ralentir l’alcool, car à côtoyer Michael aujourd’hui, difficile d’imaginer un personnage effrayant. Au contraire, il est l’un des seuls cavaliers internationaux à rester simple, tout en étant conscient de l’enjeu des concours. Là où les allemands –détenteurs du plus grand nombre de places au top niveau- ne discutent pas, et quittent rapidement les terrains de concours, Michael Whitaker prend du temps pour se détendre, souriant, amusant et débordant d’affection.

Une affection toute tournée vers sa famille, et ses trois enfants en bas âge. « C’est l’anniversaire de mon petit garçon aujourd’hui, et je ne suis même pas là », avoue-t-il tristement. La paternité l’a fait mûrir. « J’ai vendu un très bon cheval, cela ne m’a pas amusé, bien sûr, c’était seulement pour l’argent. Il faut que je prenne soin de ma famille. » Lucide, il entrevoit le poids d’une vie de cavalier international, ne restant à la maison que deux ou trois jours par semaine, à la merci des sponsors et de l’état de santé des chevaux… Ses écuries sont basées en Angleterre, près de Nottingham. Elles comptent près de 30 chevaux dont certains appartiennent aux trois jeunes cavaliers qui travaillent pour Michael. Il a embauché le fils d’un de ses anciens collègues de l’équipe britannique. Il l’aide à dresser les chevaux et en échange bénéficie des cours du champion, afin de gagner à son tour le top niveau. « J’aime bien enseigner en général, mais je n’ai vraiment pas beaucoup le temps c’est selon les circonstances. » précise le Grand Cavalier.

La famille d’abord

Michael Whitaker est sincère en amitié et complètement solidaire envers sa famille. Son frère John est pour ainsi dire son meilleur ami, mais le bonheur est complet lorsque Steven, le troisième Frère les rejoint. Aucune concurrence n’est perceptible au sein de la famille, même au sujet d’Ellen Whitaker, la fille de Steven, âgée de 19 ans et qui s’est déjà qualifiée pour le championnat d’Europe de sauts d’obstacles en 2005. Michael en parle avec son humour habituel et beaucoup de tendresse : « Ellen, c’est la nièce de John, ma nièce, notre nièce quoi, oui elle se débrouille très bien. » Il suffit d’évoquer quelques bons souvenirs équestres auprès de sa famille pour que le naturel joyeux de Michael Whitaker revienne au galop. Terminé les doutes existentiels sur la cruauté du métier, après tout c’est plus qu’un choix, c’est une passion.

Qualifié pour le grand Prix du dimanche, Michael savoure sa joie la veille du grand jour. « Je veux un bisou pour m’encourager ! » : voilà le résumé de ses propos lors des soirées hippiques et épiques qu’il ne rate jamais. Appuyé au bar, il rigole avec son frère, accoudé en face de lui. Autour d’eux, les plaisanteries fusent : « comment on va faire pour les ramener à l’hôtel ? Il faudrait enlever le bar très vite pour qu’ils tombent tête contre tête et puissent se tenir l’un à l’autre », lance un organisateur du concours de Genève. Un tel stratagème est inutile.

Un cavalier qui garde le cap

Michael sait ce qu’il fait, sa détermination transpire à travers lui à chaque instant. Il suffit d’entendre cette façon étrange qu’il a de respirer. Chacune de ses expirations se fait par le nez. Régulières et rapides, il s’en dégage une énergie redoutable. Ce même flux est perceptible lorsqu’on lui tient la main. Celle-ci reçoit une sorte de câble énergétique courant le long de son bras. Les légères vibrations sont si denses, qu’elles permettent de déterminer avec certitude la marque de sa volonté. Gageons que cela lui sert à cheval. Impossible d’hésiter sur l’action à mener. Et d’ailleurs, ses parcours en sont la preuve : il est l’un des plus rapide cavaliers au monde, les chevaux sont toujours dans le mouvement, en avant, à l’image de leur cavalier en somme.

C’est un prince…de l’équitation qui n’a rien à envier aux autres membres de sa famille. « Je l’ai vu arriver en retard à un concours, il n’a pas eu le temps de reconnaître l’enchaînement des obstacles avec les autres, et il a gagné quand même ! » raconte le directeur commercial d’une sellerie.

Prince Michael contre Roi John ? Non. Ils se complètent et laissent libre court à leur « feeling ». Michael garde le cap, avec en ligne de mire les jeux mondiaux d’Aix-La-Chapelle en août 2006. Si il se retrouve dans l’équipe britannique avec son frère, « ça serait vraiment mieux. »

Publié dans équitation

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A
Tout d'abord, bravo pour votre courage c'est extraordinaire! <br /> Mais j'ai un message à faire passer. J'aide une connaissance à retrouver son ancien cheval qu'elle a du vendre à contre-coeur. <br /> Taldo, KWPN, 6-7 ans. <br /> Je vous demande de transmettre ce message et d'envoyer des réponses ou quoi que ce soit sur sandragaspari@hotmail.com <br /> Maintenant, si vous voulez prendre contact avec moi sur n'importe quel sujet ptitpooh18@hotmail.com <br /> <br /> S'il vous plait, aidez nous! <br /> Merci d'avance, Alice Beguin, 15 ans, Belge
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B
salut Laetitia, moi je trouve que c'est formidable tous ce que tu arrives à faire...Toi et ton cheval formé un joli couple et j'éspère du fond du coeur que ta carrière ne va pas s'arreté en si bon chemin....<br /> bon ciao <br />
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J
Mademoiselle Laet', merci pour ce portrait qui ajoute (commence?) ma culture équestre. On imaginerais sans peine le Whitaker chevaucher dans les steppes des "cavaliers" de Kessel...<br /> je t'embrasse, keep in touch!<br />
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